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Le Mannequin de cire - Chapitre 1

  • Photo du rédacteur: Sarah Eleiwa
    Sarah Eleiwa
  • 9 avr. 2023
  • 13 min de lecture

Dernière mise à jour : 28 avr. 2023


Muriel frappa à la vitrine de la boutique comme on frappe à une porte. Cette grande baie vitrée transparente qui délimitait la frontière de l’intérieur et l’extérieur. Du haut de son escabeau, chiffon en main, Thalia détournait son regard de sa tâche vers cet extérieur parisien. Elle fit signe à Muriel de rentrer et accompagna ses gestes de pantomime d’un : « Bonjour ! Oui, tu peux venir Muriel ! Non c’est bon, elle est ouverte ! ». Quelques mots derrière la vitre que seul le mannequin de cire posté à ses côtés pouvait entendre. C’est que les vitrines du XXIème siècle sont doublées et insonorisées pour le confort de l’esprit tranquille, parfois trop malmené.

Le mannequin de cire, posté comme le gardien d’une tour, est un de ces êtres immobiles, maître du faire croire et de l’illusion incarnée, qui quand il est bien fait, avec la toute la peine qui va avec, peut tromper les esprits qui croisent son regard. Il y a une générosité dans le geste de saluer qui, lorsqu’il s’accompagne d’un large et grand sourire, les yeux dans les yeux et sans crainte de l’autre, faisait taire la Mort pour l’éternité.

Cette statue de cire enviait certainement cette salutation pleine de vie entre ces deux femmes. Perchée sur son escabeau et prête à descendre pour accueillir Muriel, Thalia lança un dernier regard au mannequin. Un regard rempli de honte, de questions mais surtout et peut-être seulement, rempli d’une envie dont on ne peut expliquer la provenance, et qui à coup sûr, ne faisait pas que taire la Mort, mais la mettait à genoux. Alors lorsqu’elle déposait son regard sur lui, comme pour lui promettre son retour imminent, il sut que son destin serait lié à tout jamais à celui de cette femme.


La porte était déjà ouverte, tant mieux s’était dit Muriel. Elle n’aurait pas attendu l’aval de Thalia pour l’ouvrir, elle qui détestait attendre. Et encore plus lorsqu’il s’agissait de s’adonner à son passe-temps favori : bavarder, papoter, parler à foison et avec passion. À peine savait-elle marcher, qu’elle savait déjà parler. Sa mère était si fière ! Sa mère qui pouvait se pavaner de dire auprès de sa famille et plus que tout auprès de sa propre mère, que si sa fille était douée, c’était avant tout grâce à elle seule. Auquel cas sa mère rétorquait avec un sourire au coin de la bouche (autre forme de générosité dans le geste), que cette intelligence précoce avait tout simplement sauté une génération, à la manière du gène des jumeaux. Muriel était la fierté de sa mère, du moins pour un temps, car Muriel ne pouvait incarner ses espoirs au fil du temps, trop lourds à porter. Oui, Muriel aimait parler, mais c’est avec sa mère qu’elle aura le moins exercer. Et pourtant, lorsqu’elle se rendit en ce jour à la boutique de Thalia, Muriel venait de prendre une décision qui allait peut-être changer le cours de son existence et qui lui demandait de revoir cette mère presque oubliée, une toute dernière fois.


Il y a peu, pour fêter ses soixante-dix ans, elle prit rendez-vous pour la première fois chez une psychologue. L’un de ces endroits privilégiés pour parler en toute liberté, sans se faire couper par qui veut. Et comme on pouvait s’y attendre, Muriel ne broncha pas un mot devant l’analyste. A la suite de quoi elle se jura de ne jamais y retourner. Derrière le mal-être de cette situation, elle aimait raconter au téléphone cette unique expérience à sa sœur cadette, Mona. « Deux M qui s’aiment » s’écrivaient-elles à chaque anniversaire. « … se voir là, assise sur un beau velours émeraude, à ne rien dire, alors que deux yeux de merlan frit te fixent sagement sans l’ouvrir - Ma parole ! C’était comme si je rendais visite à un macchabée, mais sans l’odeur du sapin ! A sa place, j’ai eu le droit au machin d’ambiance qui empestait l’eau de fleur à je ne sais quoi ! Tu sais, ça sentait comme chez notre cousine du Larzac… Fleur de tu dis ?! Ahah ! Mona tu charries avec ta fleur d’Anus. Les enfants ont été salauds sur ce coup-là mais qu’est-ce que c’était drôle !» Après une digression sur la fleur d’Anus et autre senteurs du passé, que l’on ressasse avec un malin plaisir, Mona lui demanda comme une main tendue, si elle réitérerait l’expérience, ne serait-ce qu’avec un autre professionnel, … Mais c’était un non affirmé de Muriel. Elle rejetait cette pensée qui voulait que la vieille femme seule aurait le besoin compulsif de s’étendre pour combler un manque d’affection ou d’attention (même si Muriel admet volontiers qu’il y avait un peu de vrai dans cette pensée, du moins pour certaines personnes). Muriel ne s’était jamais sentie seule car elle n’était jamais mal accompagnée. Et c’était en la bonne compagnie de carottes sablées de Créance, que Muriel se mit comme à son habitude à penser.

Brosser, éplucher et recommencer. La mélodie des gestes qui invitent aux pensées. Des pensées qui se superposent les unes sur les autres. Un jeu qui peut s’avérer dangereux quand on ne se sait pas les contrôler.

Et c’est lors de ce jeu que la septuagénaire se demanda entre deux carottes si Mona se sentait seule parfois, avait-elle des choses à dire, des choses qu’elle taisait au téléphone ? Puis une autre pensée, beaucoup moins innocente cette fois, éclipsa la première et surgit à voix haute : « ET MAMAN ?! ». C’est à cet instant, prise d’une fureur soudaine, qu’elle quitta agitée sa cuisine, tablier attaché, et pris son téléphone posé sur sa table de la salle à manger. Elle enclencha l’appel de son dernier contact : M < 3. Muriel semblait agitée et l’attente semblait encore plus attiser sa nervosité. Elle interrompit l’appel avant terme. C’était surement mieux ainsi pensait-elle. Elle regrettait presque le cabinet de psy et l’odeur de fleur. Son envie de parler débordait, mais plus que tout, elle avait besoin de conseils, de réponses à ses questions : pourquoi avoir pensé à elle ? Comment pouvait-on à soixante-dix ans faire son deuil ? Dans sa tourmente qui ne cessait de durer et qui ne la tenait plus en place, elle alla à des vas et viens frénétiques dans son salon. Muriel n’avait pas de rhumatisme, juste le cœur un peu essoufflé mais comme elle aimait à le dire, la mécanique marchait bien et elle en était reconnaissante.

Elle réitérait finalement ses appels mais toujours avec le même résultat. Ce manège continuait à l’infini, bien trop longtemps pour son cœur et le cœur de quiconque. Et puis, d’un coup d’un seul, elle s’arrêta dans sa course, releva sa tête encore lourde de tourments. Elle était comme figée de stupeur. On venait de la traverser d’une balle en plein cœur. Elle posa ses deux mains sur sa poitrine, croyant faire une attaque. L’idée se tenait maintenant face à elle comme une apparition divine ; son visage se relâchait d’un apaisement inattendu, tandis que sa bouche semi-ouverte et ses grands yeux ouverts n’en revenaient pas non plus.

Le téléphone interrompit ce voyage astral. La sonnerie était si forte que cela devrait être interdit pensa-t-elle ! M <3 s’affichait. Muriel regardait cet écran s’illuminer sans réagir. Sa main tremblotait. Elle était devenue toute raide et contractée, à force d’avoir serré si fort l’unique appareil qui la reliait à sa sœur dans ses vas et viens. Mais l’anesthésie de la pensée ne faisant plus effet, elle sentait à nouveau sa main dans la douleur. Elle grimaça et reposa tant bien que mal son portable sur la table. La sonnerie se mua subitement et l’écran devint blanc opaque. Elle avait beau taper à plusieurs reprises sur toute sa surface, l’écran restait illuminé de blanc. De peur d’aggraver la situation, elle s’éloignait de son téléphone comme d’une chose effrayante mais dont il était préférable de rester tout près, au cas où. Le téléphone était maintenant sur cette nappe aux motifs provençale de bouteilles d’huile d’olive. L’écran du téléphone brillait toujours d’un blanc éclatant. Et c’est dans le silence de l’attente, que le téléphone prit vie, lorsqu’il se mit à émettre la voix de Mona, une voix venue de loin mais assez proche pour se faire entendre.

« Muriel ? »

Muriel regardait son écran comme une étrange chose hantée qui avait pris la voix de sa sœur.

« Mona ? C’est toi ?! ». demandait Muriel à la chose, la tête penchée en avant vers elle.

« Bien oui, qui d’autre ?! Tu m’as appelée mais tu le sais bien pourtant, je ne suis pas chez moi le mardi matin. Enfin !

Le enfin était de trop et agaça Muriel qui reprit en main sa chose hantée dont elle n’avait maintenant plus peur, bien au contraire.

« Enfin Mona ! Je ne vois pas l’intérêt de nous avoir acheté ces engins si tu ne le prends pas avec toi ! D’ailleurs je ne sais pas si on aurait dû se lancer là-dedans à nos âges, ce sont de vrais merdes ces machins et pis j’y comprends rien. Le mien fait des siennes, je crois que l’écran débloque, va falloir que Maude me remontre deux trois trucs. Bon. Tu vas bien ?

— Moi oui, c’est toi ! Qu’est-ce qui t’arrives ? Je me suis inquiétée en voyant tous ces appels manqués !

Muriel cru un moment qu’il serait judicieux de lui cacher un peu de vérité. Il était fort probable qu’elle venait d’échapper de peu à la mort, il n’était pas utile d’inquiéter son unique sœur. Elle fera des examens à son retour, elle se le promettait, autant que de ne plus aller voir de psy. En attendant, il fallait partir et elle ne pouvait le cacher à sa sœur. Même si elles ne se rendaient pas souvent visite, elles s’appelaient tous les jours, quand les engins voulaient bien marcher. « Je vais voir maman. Me demande pas pourquoi, moi-même j’en sais rien. J’étais dans ma cuisine, je préparais le repas de demain pour les copines, tu sais, c’est mon tour cette fois. Et puis je suis partie dans des pensées… Je pensais à toi figure toi ! Je pensais aux jours de solitude, et je me demandais si maman se sentait seule. Va savoir pourquoi comment, j’ai eu la sensation d’être appelée par elle, comme si je devais aller lui parler. Je ne sais pas si ça rime à grand-chose, mais écoute, j’y peux rien ! Je vais y aller faire un tour, ça ne peut pas me faire de mal ! Et puis elle ne risque pas de me faire grand-chose la vieille peau. »

Chose surprenante, une pause apparut dans leur conversation. Un silence dont ni l’une ni l’autre ne voulait interrompre. Finalement, Mona répondit :

« Tu as quand même de drôles d’idées Muriel ! Tu es sûr que tu vas bien ? C’est cette psy qui t’a mise des idées dans latête ? » Muriel ne répondant pas, elle continua. « Enfin bon, tu fais comme tu veux… Je serai bien venue mais…

— Ne t’en fais pas ma sœur, je comptais y aller toute seule. Et puis j’aurais tout le temps mon engin ultra moderne avec moi. On pourra s’appeler. »

Un deuxième silence s’installa, au regret de Muriel qui préféra mettre un terme à cette discussion.

« Ohlala que le temps file ! Je dois te laisser Mona, il faut que j’aille chez Thalia avant qu’elle ferme ! A vite ! » Dit-elle d’un air gai et vaillant en se retournant vers le cadrant de l’horloge murale, lui indiquant ce qu’elle savait déjà : il lui restait assez de temps avant la fermeture, et elle n’avait le cœur ni gai, ni vaillant. Elle était épuisée.

« D’accord ! Tu lui passeras mon bonjour à cette petite. Tchao Muriel, tchao, tchao ! » Répétait Mona à son habitude jusqu’à la fin de toutes conversations. Ses tchao à la française étaient devenus sa marque de fabrique. Si Muriel s’en moquait au début, elle les trouvait dorénavant charmants. Au fond, elle craignait de ne plus les entendre. Même si l’horizon de ces jours funestes se rapprochaient, ce n’était pas pour tout de suite, la mécanique marchait pour les deux M.


Thalia était à peine descendue de son escabeau à trois marches que Muriel était déjà rentrée, sans maintenir la lourde porte derrière elle qui, si elle n’était pas maintenue dans son élan, venait se fracasser à sa fermeture. Muriel se fendit en excuses, en se justifiant qu’elle avait la tête ailleurs aujourd’hui. Des mots d’excuses ravalés à la vue du mannequin de cire dénudé :

« Dis-moi Thalia, c’est qu’il est bien loti ton mannequin ! Toujours aussi laid du visage, mais bien foutu. Enfin tout de même un peu maigrichon, je l’écraserai en moins d’deux. Sans rire Thalia, tu arrives à vendre avec lui dans les parages ? »

La question n’attendait pas de réponses et Thalia ne le savait que trop bien. Muriel et elle étaient devenues bien plus que des voisines de quartier au fil des jeunes mois. Thalia était devenue une aide précieuse lorsque Muriel devait se confronter à la technologie. Les enfants n’étaient pas si souvent présents, et Thalia était au bout de la rue. Si parfois Thalia n’était pas d’humeur aux bavardages, elle prenait le temps d’écouter ses histoires et plus que tout, passait du bon temps en sa compagnie. Au fond, elle chérissait ces instants si fragiles qui voudraient durer plus longtemps, où elle pouvait s’oublier avec l’autre dans un présent qui n’était pas le sien.

Muriel avait vite été piquée par la curiosité de rendre visite à la tenante de la nouvelle boutique. Une brocante de la rue de La Jonquière, oublié du passé mais remis à neuf par les temps modernes. Derrière cette vitrine d’objets anciens, la jeunesse était aux commandes. Mais de nos jours, tout se regardait sans se vendre. Alors Thalia dépliait des ponts, points relais, sur l’un desquels marcha un jour Muriel et sa longue chevelure blanche lâchée aux vents, à l’image de sa grande taille, toujours enveloppée de longs manteaux colorés. Une jeune vieille bohème, voilà qui était Muriel.

« J’ai reçu ton colis Muriel, assis toi, je vais le chercher. » Se dépêchait Thalia de lui montrer la chaise noire à roulette d’un revers de la main avant de disparaître.

« Ok miss, je te remercie. » Muriel s’approchait de la chaise. Elle était recouverte d’une épaisse couche de poussière. Muriel hésita un instant car l’envie de s’asseoir se faisait sentir, comme à chaque fois qu’elle voyait une chaise vide. Mais l’envie de ne pas salir son long manteau vert fougère tout laine était plus forte.

Dans son attente, elle balayait la pièce où se trouvaient multiples objets, miroirs, babioles, cartons et autres secrets. Puis elle invoqua comme la plupart des gens de cette époque son téléphone. Muriel concentré sur son écran, le doigt à l’appui, vérifiait si l’anomalie de l’écran venait à se reproduire. C’est alors qu’un son métallique se mit à résonner dans ses oreilles. Elle leva les yeux et balaya les objets et monstres autour d’elle. Rien. Puis le même son résonna à nouveau dans la longueur. Cela ressemblait davantage au grincement d’une porte mal huilée. Muriel en était maintenant certaine, le bruit venait bel et bien de la pièce. Sur ses aguets, prête à voir surgir une souris ou un rat parisien, Muriel anticipait sa crainte. Mais c’est toute autre chose qui surgit devant ses yeux. Elle aperçut d’abord du coin de l’œil quelque chose bouger au loin. C’était la plaque tournante sur laquelle était disposé le mannequin, en train de pivoter doucement dans sa direction.

« Vl’a autre chose… » Un rire sortit nerveusement de la bouche de Muriel.

Son cœur se crispait pour la seconde fois de la journée lorsque la plaque s’arrêta net, si bien que le mannequin lui faisait maintenant face. Non sans crainte, elle détacha tous ses yeux de son téléphone, puis sa tête, et se tourna vers lui, lui faisant face à son tour. Elle ne lâcha pas du regard la figure de cire, immobile sur sa plaque mouvante.

Toujours le regard posé sur lui, elle s’adressa à Thalia en portant au loin sa voix si fort que la jeune femme l’entendrait du sous-sol.

« Dites Thalia, tu-en-as pour longtemps ? Parce que ton chéri veut prendre la poudre d’escampette ! Je l’arrêterai bien mais je ne voudrai pas m’esquinter mes vieux os pour cette…mocheté. »

Thalia ne répondait pas et Muriel ne voulait pas se laisser stupidement submerger par cette inquiétante étrangeté. Celle qu’elle a toujours ressenti à son contact. Malgré tout, elle le fixait toujours, se persuadant de ne pas lui montrer une once de peur, elle serait foutue sinon. En réfléchissant à cette pensée, elle se dit que cette journée était complètement folle et que la sénilité pointait le bout de son nez.

« La mécanique marche, la mécanique marche » se répétait-elle à voix basse.

Thalia déboula de nulle part, face à une Muriel assise sur la chaise poussiéreuse, les yeux toujours fixés vers lui.

« Pardon Muriel, je suis navrée, ton colis a disparu, je ne comprends vraiment pas…. Pourtant, je me souviens bien l’avoir rangé hier avant de rentrer chez moi. C’était quoi exactement ? »

Muriel fixait au loin, le regard livide.

« Eh oh Muriel ! Tu m’écoutes ? » S’écria Thalia en secouant ses mains devant le visage immobile de son amie avant de les poser sur ses épaules. Muriel sortit alors de son rêve.

« Oui, oui, tout va bien. » Muriel revenait de ses pensées.

« Ce n’est pas grave ma puce, je crois savoir ce qui s’est passé. Tiens, aide-moi à me lever une seconde… Mon Dieu c’était bas !... Merci ma Thalia.

— Tu es êtes sûr que ça va ? S’inquiétait Thalia.

— Oui, t’en fais pas, ton mannequin m’a donnée une bouffé de chaleur. » A ses mots, Muriel le chercha dans la pièce. Il était là, sur cette plaque qui ne semblait pas avoir bougé, le visage tourné vers l’ailleurs.

« Aha oui… J’étais en train de le dépoussiérer quand t’es arrivée. Sa rareté veut qu’on-en prenne soin,…

— Ouai,… » la coupait Muriel avant d’ajouter « …Mais tu sais ce que je pense ma belle, prends soin de quelqu’un fait de chair et de sentiments, pas d’un film d’horreur. »

Muriel sut tout de suite que ses mots avaient affectés sa protégée.

« Oh excuses moi Thalia, j’ai eu une journée compliquée et je crois même avoir fait un cauchemar avec ton mannequin. Enfin bon, changeons de sujet, ne m’en veux pas ma chérie, … »

Thalia acquiesça de la tête et Muriel continuait pour ne pas finir sur une note dramatique.

« Tiens-toi bien, j’en ai une bonne pour toi. Devine quoi ! Je vais voir ma mère !

— Mais ta mère Muriel, elle n’est pas… ?

— Morte ? Hmm tu sais, je ne sais plus ce que cela veut dire être mort. Mais oui, tu as visé bon, ma mère est aussi morte que mon lapin Ernest, paix à son âme. Sur ce ma puce, je vais y aller, je suis un peu fatiguée. Et ne t’en fais pas pour mon colis, je crois que le monde connecté s’est ligué contre ta vieille voisine.

— Muriel, sans indiscrétions, c’était quoi ?

— Une bougie parfumée à la fleur de... Ahahaha ! » Sur cette parole, Muriel se souvint et oublia un instant cette étrange et épuisante journée.

« Quoi ? Pourquoi tu ris ? » fit Thalia en rigolant à son tour.

— Non mais c’était quand… Non tu sais quoi ? Pour une fois je vais mettre une énorme virgule dans mon histoire. Je te la raconterai à mon retour, si ma mère le veut. Tu as le bonjour de Mona au fait ! Allez, je fonce, des bisous ma puce !

Muriel s’en alla avec son clin d’œil habituel. Et laissa à son habitude, la porte se claquer derrière elle. Thalia prenait soin de la suivre du regard, derrière sa vitrine, avant de reprendre soin de son film d’horreur qui, à ses yeux, ressemblait à un conte de fée.

 
 
 

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Sarah ELeiwa

Entrepreneur & Auteur

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